Favoriser l’emploi et le volume total d’heures travaillées : perspectives pour la France et l’Allemagne
La France et l’Allemagne sont toutes deux confrontées à des goulets d’étranglement sur le marché du travail, qui limitent le volume total de travail dans l’économie. Si elles partagent des défis communs, tels que l’augmentation du taux d’emploi et l’amélioration de la qualité des emplois, leurs marchés du travail diffèrent sur des dimensions structurelles essentielles, ce qui conduit à des priorités de politique publique divergentes. Pour parvenir à un emploi plus élevé et de meilleure qualité, chaque pays devra mettre en œuvre un ensemble de politiques adaptées à ses propres faiblesses. Dans certains cas, les leviers d’action nécessaires sont similaires ; dans d’autres, ils diffèrent fortement en raison des différences institutionnelles et démographiques. Cette note repose sur une comparaison de la participation au marché du travail entre la France et l’Allemagne afin d’identifier les marges de réforme les plus pertinentes et les leviers susceptibles de favoriser une convergence vers de meilleurs résultats en matière d’emploi dans les deux pays.
Cette note présente les principaux faits stylisés et recommandations de politique économique que l’on peut en tirer pour la France et l’Allemagne.
Principaux enseignements :
• La France affiche 100 heures de travail par adulte de moins que l’Allemagne. Cet écart s’explique entièrement par des taux d’emploi plus faibles chez les jeunes et les seniors. L’Allemagne, de son côté, enregistre moins d’heures travaillées par travailleur, principalement en raison du faible nombre d’heures effectuées par les femmes, avec une forte prévalence du temps partiel.
• La priorité doit être accordée à une meilleure et plus rapide intégration des jeunes sur le marché du travail, en renforçant la formation professionnelle mais aussi l’ensemble du système éducatif et de formation. Cela permettrait une intégration progressive sur le marché du travail tout en restant dans le système éducatif.
• La promotion de l’emploi des seniors constitue un succès relatif, en particulier en Allemagne, où les taux d’emploi ont récemment progressé. Mais il existe encore une marge de progression importante, notamment pour permettre à davantage de travailleurs en bonne santé de continuer à travailler. Des efforts continus de réforme des systèmes de retraite, afin d’améliorer les incitations à prolonger la vie active, ainsi qu’une adaptation des règles de l’assurance chômage pour éviter tout encouragement aux départs anticipés, sont nécessaires.
• L’intégration des femmes dans des emplois à temps plein est une priorité, à la fois pour accroître l’offre de main-d’œuvre qualifiée et pour réduire les inégalités de genre. La mise en place de services de garde d’enfants adaptés et d’une éducation préscolaire de qualité constitue un investissement public à fort rendement.
• Enfin, nous recommandons des efforts supplémentaires pour améliorer l’emploi et la productivité des travailleurs peu qualifiés, en particulier pour le groupe encore trop important des NEETs (ni en emploi, ni en études, ni en formation), qui présentent un faible taux de participation au marché du travail même après 30 ans.
Fostering Employment and Total Hours Worked: Perspectives for France and Germany