Relations économiques entre la Chine et l'UE et déséquilibres mondiaux
Au cours des deux dernières décennies, la Chine est devenue la superpuissance industrielle mondiale. Environ un tiers de la valeur ajoutée manufacturière mondiale est désormais concentré en Chine, contre 15 % dans l’Union européenne. En 2024, le secteur manufacturier représentait 25 % du PIB chinois, soit une part nettement plus élevée que dans les grandes économies comparables. La part de la Chine dans les exportations, sur des marchés et secteurs clés, a fortement progressé, y compris dans des bastions traditionnels de l’industrie européenne. Au-delà des véhicules électriques et des batteries, la Chine domine aujourd’hui les technologies vertes en termes de capacités de production et, de plus en plus, en termes de sophistication technologique. Elle a également supplanté l’Allemagne comme premier exportateur mondial de machines, et occupe désormais la première place des exportations automobiles. Dans le même temps, la Chine est largement perçue comme ayant pris une avance technologique sur l’Europe dans des secteurs d’avenir essentiels, tels que la robotique et l’intelligence artificielle. Le nombre d’entreprises européennes qui localisent leurs activités de R&D en Chine est en augmentation.
Dans cette note, (1) nous analysons les moteurs du succès manufacturier chinois et le rôle des pratiques et politiques non marchandes (NMPP) ; (2) examinons l’impact sur les économies française et allemande ainsi que le lien avec les déséquilibres mondiaux ; et (3) esquissons des pistes de politique économique vis-à-vis de la Chine, y compris des réponses aux politiques chinoises en matière de matières premières.