Quel est l’impact de la hausse des prix de l’énergie sur les
entreprises françaises et, en particulier, sur le tissu économique des
petites et moyennes entreprises ? La brutale hausse des prix
énergétiques qui a débuté à l’automne 2021 est un choc pour les
entreprises, dont la sévérité peut être très diversement ressentie en
fonction de la part de l’énergie dans leurs coûts de
production, de leur mix énergétique, du contrat négocié avec leurs
fournisseurs d’énergie, de leur degré de couverture par les aides publiques ou encore de leur capacité à répercuter la hausse des coûts
dans les prix de leurs produits ou services.
On dispose cependant de
peu de données issues de la statistique publique qui permettraient de
suivre ces paramètres à haute fréquence sur un échantillon large et
représentatif des entreprises.
L’objet du Focus de Basile Blanc, Marylou Colombet, Camille Landais, Hélène Paris et Ariane Salem est d’apporter des éléments d’information inédits, en exploitant les données bancaires du Crédit Mutuel Alliance Fédérale qui correspondent à un échantillon très représentatif du tissu des TPE et des PME. Leur exploitation permet de tirer les enseignements suivants :
-
en moyenne, la hausse des dépenses d’énergie pour les TPE-PME a été de
73 % entre 2020 et 2023 (25 % en 2021, 29 % en 2022, 7 % en 2023), mais
les entreprises sont très diversement exposées au choc de hausse des
prix de l’énergie selon l’échéance des contrats passés avec leurs
fournisseurs et leur accès ou non au bouclier tarifaire ;
- on
observe une légère dégradation de la situation financière des
entreprises à partir l’automne 2021 et jusqu'à la fin 2022. Cette évolution moyenne masque
cependant de fortes disparités au sein des entreprises. Une partie
d'entre elles, aussi bien des TPE que des PME, voient leurs encours nets
bancaires se détériorer sensiblement, sans que l'on puisse établir un
lien causal avec l'effet direct de la hausse des dépenses d'énergie.
Probablement parce que l’exposition énergétique des entreprises est
faible, mais aussi parce qu’une part importante de la hausse des prix se
répercute dans les prix de vente ;
-au-delà de l’effet direct de
cette hausse supportée par les entreprises, il faut en outre tenir
compte des effets indirects de transmission à tout le réseau de
production : le renchérissement du prix de l’énergie, en augmentant le
coût des intrants, peut affecter la situation financière des
entreprises.