Voir le focus associé : Dynamiques de consommation dans la crise : les enseignements en temps réel des données bancaires
La mobilisation de données de comptes bancaires permet d’apporter un éclairage précieux sur la situation des ménages au cours de la crise Covid. Globalement, la chute de la consommation, intense durant le premier confinement et plus modérée durant le deuxième, ne s’est pas accompagnée d’un recul de même ampleur des revenus. Il en a résulté un surcroît d’épargne important qui persiste aujourd’hui. La situation est cependant assez hétérogène selon les ménages : les plus aisés ont davantage comprimé leur consommation, même hors confinement, et davantage accumulé d’épargne quand les plus modestes connaissent une reprise plus rapide de la consommation et n’ont pas de surcroît d’épargne observable sur leurs comptes bancaires. Les plus aisés semblent avoir aussi connu une baisse plus forte de revenu même si notre mesure des revenus n'est pas très précise.
On observe globalement un recul important de la fragilité financière des ménages, mesurée notamment par la part de ménages dont le solde du compte courant est négatif en fin de mois. Naturellement, ce constat est dressé sur la base des données disponibles des titulaires de comptes bancaires (Crédit Mutuel Alliance Fédérale) qui peuvent sous-représenter les populations les plus fragiles, notamment celles non bancarisées. Une catégorie de ménages pour laquelle le recul de la précarité financière est moins notable est "les jeunes" : les étudiants et, plus encore, les jeunes actifs vivant dans un logement autonome. Leurs revenus semblent avoir un peu plus décroché depuis le mois d’août : en population générale, le recul du revenu se situe entre 0 et 5 % quand il avoisine à 5 à 10 % chez les jeunes actifs autonomes.
Les propensions marginales à consommer des ménages modestes, mesurées à l’occasion du versement de l’allocation de rentrée scolaire, sont élevées, autour de 38 % en cinq semaines. Dès lors que la population des jeunes actifs est une catégorie potentiellement en proie à une situation financière moins favorable depuis la crise, les aides versées à la fin novembre semblent avoir été plutôt bien ciblées même si pour l’instant nous n’avons pas encore pu procéder à une analyse pour en mesurer les impacts.