Voir la note associée : Efficacité énergétique des logements : rénover l'action publique
Le diagnostic de performance énergétique (DPE) est devenu un incontournable du marché de l'immobilier. Outil de mesure de l'efficacité énergétique d’un logement, il est obligatoire pour la vente et la location d’un bien depuis bientôt 20 ans. Il sert également de pierre angulaire aux politiques publiques de rénovation énergétique du parc de logements en France. Pourtant, cet outil informationnel est souvent l’objet de critiques et suscite la méfiance car la méthode de calcul demeure difficile à appréhender pour le néophyte et les soupçons de manipulation par les propriétaires, intermédiaires ou diagnostiqueurs grèvent la confiance dans le DPE.
Des réformes successives ont tenté d’améliorer l’outil et sa fiabilité.
Cette étude est la première à analyser les effets de ces réformes en traçant la prévalence de manipulation des DPE. Elle montre que les soupçons de manipulation du DPE sont fondés : l'analyse économétrique fait apparaître des ruptures de la distribution des DPE au niveau des seuils entre deux catégories, que la méthodologie du DPE elle-même n'explique pas. Toutefois nos résultats indiquent que la réforme visant à fiabiliser les DPE a porté ses fruits. Avant les réformes de 2021, on estime que 3,9 % des DPE étaient manipulés et se trouvaient dans une catégorie plus favorable. En analysant les données avant et après les deux principales réformes (harmonisation et opposabilité du DPE, puis entrée en vigueur de l’interdiction de location des passoires énergétiques), on observe que la part des DPE soupçonnés d’être manipulés aux seuils diminue de plus de moitié, pour atteindre 1,7 %.